Date : lundi 26 mai 2025
Horaire : 17h30
Lieu : Tours, CESR, Salle Rapin
Organisateur : Conférence SACESR par Deborah Blocker, Professeure à l’Université de Californie, Berkeley (USA)
Programme ANNONCE Deborah BLOCKER CONFERENCE SACESR 26-05-2025
Résumé
Mes recherches actuelles portent sur deux monuments funéraires: la chapelle Strozzi, érigée entre 1605 et 1628 par Leone Strozzi, dans Sant’ Andrea della Valle, à Rome, et le monument funèbre que la duchesse de Montmorency éleva à la mémoire de son époux, Henri II de Montmorency, dans l’église de la Visitation de Moulins entre 1649 et 1652.
Les Montmorency furent, en France, l’une des plus puissantes familles de la Renaissance tardive tandis que les Strozzi figuraient, avec les Médicis — auxquels ils s’opposèrent frontalement—, parmi les plus influentes lignées du patriciat florentin aux XVe et XVIe siècles. Le renforcement des pouvoirs monarchiques ou princiers — qui marqua, en France comme en Italie, la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe — affecta profondément ces deux lignages, les faisant entrer dans une période de turbulences assez sévères pour mettre en danger leur survie même. Il conduisit en effet certains de leurs membres à des formes de rébellion contre leurs souverains qui se soldèrent par des échecs cinglants. Les deux monuments funéraires que j’étudie sont, pour certains des derniers représentants de ces lignages, le produit de décennies de réflexion et d’efforts pour donner un sens aux destinées tragiques de leurs familles au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Je cherche toute particulièrement à comprendre comment leurs commanditaires mobilisèrent les « arts » pour dire les difficultés de leur famille, avec pour projet central de saisir en quoi les usages qu’ils ont fait d’un large éventail d’« arts » ont contribué à mettre en avant des fonctions spécifiques et/ou nouvelles pour ces divers « arts ».
Par « arts », j’entends les « arts » de la représentation, qui comprennent les « arts » du dessin, les savoir-faire de l’écrit et tous les « arts » de la performance. Mais, parmi les « arts » aristocratiques de la première modernité, il convient aussi d’inclure la généalogie, l’« art » des armoiries, l’emblématique, la conservation des titres d’une lignée ou encore l’écriture de l’histoire d’un lignage et de « vies » de ses membres. On peut appeler ces derniers « arts » des « arts de la mémoire », en ce qu’il s’agit savoir-faire ayant pour fonction d’articuler des récits, de propager des réputations, et de faire perdurer un souvenir. Dans les monuments funèbres que j’envisage les « arts de la mémoire » et nombre des savoir-faire de la représentation se trouvèrent souvent associés dans leur conceptualisation et dans leur construction, tout autant que dans leur promotion. Il est donc possible d’examiner dans ces ouvrages, tout autant que dans les écrits et images destinés à en diffuser des interprétations, de quelles manières cette large palette d’« arts » est mobilisée différentiellement. Ma conférence au CESR de Tours consistera principalement en une analyse microhistorique du mausolée à la mémoire d’Henri II de Montmorency érigé dans l’église Saint-Joseph du monastère de la Visitation de Moulins.
Mme Déborah Blocker est professeur de littérature et d’histoire culturelle comparées (XVIe-XVIIIe siècle). Ses travaux portent principalement sur la France et l’Italie de l’époque moderne. Son principal terrain d’enquête est celui des usages des arts dans l’Europe moderne, et tout particulièrement celui de leurs usages sociaux et politiques